“Le droit des sociétés est un levier pour l'économie durable”

13 décembre 2021

4 min

Eole Rapone et Juliane Dessard Jacques
Juliane Dessard Jacques et Éole Rapone ont créé un cabinet d’affaires dédié à la transformation RSE des entreprises. Pour les accompagner dans leur activité, ils ont choisi Predictice.

Pourriez-vous présenter vos parcours respectifs s’il vous plaît ?

Éole Rapone : Nous sommes deux alumni de Sciences Po. Je suis passé par le Master Finance et stratégie, puis j'ai suivi un DJCE à Assas et un LLM aux États-Unis pour passer le barreau de New York puis le barreau de Paris.


Juliane Dessard Jacques : J'ai été également étudiante à Sciences Po avec une double formation à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et une année à Boston College. D’ailleurs, une (petite) dizaine d’années après, nous avons retrouvé avec plaisir les classes de Sciences Po puisque nous y donnons à présent un cours sur le droit des sociétés et la transition vers une économie plus durable. Après nos études, nous sommes rentrés tous les deux chez Cleary Gottlieb, où nous avons exercé seize ans - en cumulé.

 

Éole Rapone : [Rires] Exactement ! Nous y avons exercé environ huit ans chacun. Chez Cleary Gottlieb, nous avons été exposés à des dossiers d'envergure en M&A : des rapprochements stratégiques, notamment EssilorLuxottica, dossier sur lequel nous avons énormément travaillé, ainsi que des opérations de capital market, avec des introductions en Bourse, notamment Amundi, Europcar, pour citer quelques exemples. Nous avons également accompagné des sociétés dans leur stratégie de développement, en particulier leurs acquisitions.

 

Le cas emblématique est Amundi, société pour laquelle nous avons poursuivi la relation après l'IPO en l'accompagnant sur ses acquisitions de différentes cibles en France et à l'étranger, et en l’assistant dans les questions juridiques relatives à sa vie sociale, notamment pour préparer ses assemblées générales et son rapport sur le gouvernement d'entreprise.

 

Vous avez décidé de créer votre propre structure. Qu'est-ce qui fait l'originalité de votre cabinet ?

Juliane Dessard Jacques : Après ces années pendant lesquelles nous avons énormément appris, nous avons décidé début 2021 de créer notre propre structure. Nous souhaitions nous lancer dans une aventure entrepreneuriale et créer un cabinet à partir d’une feuille blanche, à notre image.

 

Notre conviction est que le droit des sociétés est l'un des leviers importants pour accélérer la transformation vers une économie plus durable et plus responsable.

 

 

Business partners de nos clients, nous sommes des entrepreneurs qui parlons à des entrepreneurs. Nos deux caractéristiques sont l'audace, afin de proposer des solutions innovantes, et l'agilité, liée à la structure légère de notre cabinet. Nous apportons des conseils sur-mesure à des profils très variés de clients, avec un double regard entre le droit des sociétés « classique » et les aspects RSE qui deviennent des enjeux stratégiques majeurs pour les entreprises.

 

Nous accompagnons nos clients sur tous les aspects transactionnels : opérations de venture, de private equity, ou encore opérations de M&A. Nous les conseillons pour leurs opérations de croissance externe, y compris en amont, sur les due diligence corporate ou ESG. De plus, grâce à notre expérience acquise chez Cleary Gottlieb, nous avons une expertise en droit boursier qui nous permet également d’accompagner des sociétés cotées.

 

Ce socle d'activités, nous l'accompagnons d'une prise en compte de l'impact environnemental, social et sociétal des activités de nos clients. Les degrés de maturité sont très divers sur ces questions ; c'est pourquoi nous nous adaptons : nous accompagnons aussi bien des sociétés déjà très avancées sur ces problématiques, que des sociétés qui sont au démarrage de leur démarche RSE. Nous leur proposons la mise en place de plusieurs leviers, comme l'adoption d'une raison d'être, l'adoption de la qualité de société mission, la structuration d'une politique RSE. Ainsi, pour sécuriser la chaîne de valeur, nous mettons en place des codes de bonne conduite, des chartes avec les fournisseurs et les sous-traitants et enfin, le dernier pan de notre activité, c'est un travail de décryptage des évolutions législatives et réglementaires. En effet, il y a énormément de textes, qui sont déjà arrivés ou sur le point d'arriver.  Notre rôle, en tant qu'avocats, c'est de décrypter ces exigences, afin qu'elles se transforment en opportunités pour nos clients.

 

Que signifie Emeriane ?

Juliane Dessard Jacques : Nous voulions créer un nouveau mot, et nous nous sommes inspirés du mot « émergence », afin d'évoquer l'idée de l'émergence du monde d'après, plus durable et inclusif, dans lequel nous accompagnons nos clients. De plus, nous ne voulions pas choisir un patronyme, comme le font classiquement les cabinets d'avocats, car nous souhaitons nous inscrire dans une démarche qui va au-delà de notre génération, et fédérer d'autres talents autour de notre raison d'être.

 

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En effet, vous avez défini une raison d'être dans les statuts du cabinet. Depuis l'adoption de la loi Pacte, est-ce que, d'après votre expérience, cette pratique est devenue courante pour les entreprises françaises ?

Juliane Dessard Jacques : En effet, nous faisons partie des premiers cabinets d'avocats à avoir adopté une raison d'être statutaire, et nous avons d'ailleurs le projet de devenir une société à mission.

 

Éole Rapone : Il est vrai que la loi Pacte a encouragé beaucoup d'entreprises à s'interroger sur la place qu'elles ont dans la société. 

 

La loi prévoit trois degrés dans cette démarche de transformation. Le premier, c'est la révision de l'article 1833 du Code civil qui exige que les sociétés soient gérées dans l'intérêt social, et qu'elles prennent en compte également les enjeux sociaux et environnementaux de leur activité.

 

Le deuxième étage de la fusée, c'est cette fameuse raison d'être. L'article 1835 du Code civil permet de l'inscrire dans ses statuts ou de l'énoncer de manière extra-statutaire, solution que certaines sociétés ont choisie.

 

Enfin, une fois que la raison d'être a été formulée, l'entreprise peut choisir d'adopter la qualité de société à mission, c'est-à-dire se doter d'objectifs environnementaux, sociétaux ou sociaux, les inscrire dans ses statuts, mettre en place une gouvernance dédiée pour assurer le suivi de chacun de ces objectifs et enfin, dans une logique de transparence, publier les résultats des progrès qui ont été réalisés ou des actions à prendre pour atteindre ces objectifs. Il est prévu également la vérification à échéance régulière par un tiers indépendant, qui va venir s'assurer de la véracité des diligences qui ont été mises en place par cette gouvernance et qu'on appelle le référent de mission ou le comité de mission selon le nombre de salariés de la société concernée.

 

La raison d'être est une boussole stratégique. Certaines sociétés l'ont pérennisée dans leurs statuts, notamment Atos, Carrefour, et sur le segment plus des start-up, Faguo ou Le Slip Français. D'autres sociétés ont choisi de ne pas l'inscrire dans les statuts, mais de fédérer en interne l'ensemble des personnes sur un projet stratégique donné, structurant la colonne vertébrale de la société, comme Veolia, Michelin ou encore Décathlon. 

 

Comment imaginez-vous la profession d’avocat dans dix ans ?

Juliane Dessard Jacques : Une dynamique est enclenchée et s'accélère autour de la transition numérique et de la digitalisation de la profession. Nous voyons cela comme une source d'opportunités très forte, car les outils digitaux facilitent notre pratique au quotidien et sont complémentaires de notre activité de conseil.

 

Ainsi, Predictice nous permet d'avoir accès à de la jurisprudence, avec une valeur ajoutée, ce qui nous permet de nous concentrer sur l'accompagnement sur-mesure de nos clients.

 

 

Éole Rapone : Nous avons vu avec la pandémie combien l'humain était important : sans lui, tout s'écroule. En lien avec la raison d’être d’Emeriane Avocats, nous plaçons l’humain au centre de nos activités afin de nourrir les initiatives individuelles, fédérer les équipes, les faire monter en compétence par la formation, adopter des manières de travailler respectueuses de chaque collaborateur, avocat ou personnel administratif.

 

Enfin, la multitude des textes encourage l'hyperspécialisation des avocats et valorise les expertises de niche. Les clients recherchent de plus en plus des techniciens sur des sujets donnés et sur lesquels ils s’illustrent : c'est le modèle que nous poursuivons chez Emeriane Avocats.

Pour retrouver tous les témoignages des clients de Predictice, cliquez ici : Avis clients.
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Éloïse Haddad Mimoun

Docteure en droit et diplômée de l'Essec, Eloïse est rédactrice en chef du Blog Predictice.

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