Laetitia Ferrer, Knowledge manager, évoque l'évolution des techniques de veille juridique au sein du prestigieux cabinet d'affaires Racine Avocats.
Pouvez-vous nous dire un mot sur vous et sur le cabinet ?
Je suis knowledge manager au sein du cabinet Racine depuis dix ans. Racine est un cabinet d’affaires pluridisciplinaire spécialisé en conseil et en contentieux. J’ai été recrutée par Antoine Hontebeyrie, professeur agrégé et associé, pour y développer les outils de knowledge management. Parmi divers outils dédiés à l’information juridique, à la gestion et à l’optimisation du savoir-faire, nous avons développé une base de « modèles internes ». Il était en effet important pour nous de collecter notre savoir-faire et de le capitaliser sur une base de données pertinente, avec un moteur de recherche permettant aux avocats de retrouver facilement l’information. Nous avons également travaillé à la constitution d’une base d’actes judiciaires, qui est régulièrement mise à jour. Nous avons par ailleurs créé un outil à usage interne et externe, les Brèves mensuelles d’actualité, qui rencontrent un grand succès car elles permettent d’être informé chaque mois des évolutions du droit intervenues dans des domaines de pratique très divers.
Une centaine de personnes de votre cabinet travaille à Paris et d’autres personnes sont réparties sur différents sites en région. Est-ce que cela implique des défis opérationnels ?
Il est important pour nous que l’interaction puisse se faire entre toutes les entités de Racine. Chacun peut disposer de ses propres bases de données en fonction de sa spécificité mais aussi bénéficier d’outils mutualisés. Cela permet d’échanger et de se tenir informé dans tous les domaines. Enfin, nous nous rencontrons régulièrement, ce qui permet de dégager des bonnes pratiques et de bien connaître les besoins précis de chacun.
Le marché de l’information juridique évolue grâce au développement de nouvelles technologies. Pensez-vous que ces évolutions sont bien accueillies ?
Il me semble que ces évolutions sont bien accueillies, notamment, mais pas seulement, auprès des jeunes avocats qui sont particulièrement friands de ce type d’outils. En ce qui me concerne, j’ai commencé à travailler il y a plus de 20 ans, j’ai donc connu toutes ces évolutions et il me semble qu’elles vont dans le bon sens. Plus nous avons d’outils qui simplifient la recherche et l’analyse de l’information juridique, plus le travail est facilité, de sorte que nous gagnons en réactivité et en efficacité.
Votre métier est un excellent poste d’observation de l’évolution du monde du droit et des cabinets d’avocats. Existe-t-il encore des tensions autour de cette évolution ?
Je pense que cette évolution est très bien acceptée et que les acteurs de ce milieu sont même demandeurs de tout outil qui leur fera gagner du temps et en qualité.
Dès lors que l’avocat a accès à la bonne information en un clic, nous avons tous gagné.
Comment voyez-vous votre métier de knowledge manager sur les 20 prochaines années ?
J’espère être encore en poste ! Plus sérieusement, je suis vraiment pour le zéro papier. Plus nous irons vers la digitalisation, mieux ce sera, et plus nous disposerons d’outils pertinents, mieux ce sera également. Nous en prenons déjà le chemin, je n’ai pas d’inquiétude.
C’est vous qui assurez la formation des élèves avocats effectuant un stage chez Racine à l’utilisation des outils dédiés au knowledge management. Que leur apprenez vous ?
Nos stagiaires bénéficient d’une formation complète à leur arrivée, qui porte sur les bases de données juridiques classiques et les outils spécifiques mis en place par le cabinet. Nous avons également un intranet dédié au knowledge management, auquel les stagiaires doivent se familiariser pour l’utiliser de manière optimale. Ce que je recommande aux plus jeunes, c’est d’apprendre à utiliser dès que possible les différentes bases, en commençant par les plus simples.
Si vous deviez donner un conseil à un jeune qui voudrait devenir avocat, juriste ou documentaliste, quel serait-il ?
Je conseillerais la curiosité : lire beaucoup, s’intéresser à beaucoup de sujets. Ces métiers sont intéressants parce qu’ils permettent d’être sans cesse en contact avec l’actualité et de travailler avec des interlocuteurs, notamment avocats, spécialisés dans de nombreux domaines. Il s’agit de métiers qui ne connaissent pas la routine, à condition d’être curieux et proactif.
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Docteure en droit et diplômée de l'Essec, Eloïse est rédactrice en chef du Blog Predictice.