Clémence Ravier et Maurice Macchi, respectivement associate et counsel chez Allen&Overy, évoque l'avenir du droit au Luxembourg.
Pourquoi êtes-vous devenus avocats ?
C. Ravier : J’ai commencé à exercer chez Allen & Overy au Luxembourg il y a deux ans dans le département corporate - M&A.
J’ai toujours envisagé la profession d’avocat comme carrière professionnelle. Quand il a fallu choisir mes études supérieures, j’ai naturellement commencé par une première année de droit qui m’a tout de suite plu : la matière, la technicité, mais aussi l’aspect très pratique et vivant. En tant qu’étudiante, j’avais hâte de me confronter à la relation avec les clients et les contreparties et aux discussions sur la stratégie juridique. C’est justement l’aspect stratégique qui me plaît beaucoup dans ce métier.
M. Macchi : Pour ma part, j’ai commencé à exercer il y a dix ans au Luxembourg, d’abord dans un cabinet de taille moyenne spécialisé en contentieux et en droit du travail. J’ai rejoint Allen & Overy Luxembourg, il y a plus de sept ans maintenant. Je suis devenu avocat parce que j’ai toujours aimé le débat d’idées : débattre de tout, et surtout convaincre, argumenter, trouver la faille. C’est pour cela que j’exerce en contentieux et en conseil en matière de droit du travail. Les deux pratiques sont très complémentaires : je pense que l’on est meilleur en conseil lorsqu’on fait du contentieux et vice-versa.
Est-ce que cela vous arrive souvent de travailler ensemble sur des dossiers cross practices ?
M. Macchi : Allen & Overy Luxembourg est le seul cabinet membre d’un réseau international qui a une offre complète dans tous les domaines du droit des affaires. La collaboration entre équipes est quelque chose qui est inscrit dans notre ADN. Chez nous, il n’y a pas mon client ou ton client : ce sont nos clients. Nous travaillons tous ensemble dans le même sens et cela est ancré dans la culture du cabinet.
C. Ravier : Je suis complètement d’accord avec Maurice et j’ajoute que la même logique se retrouve entre les bureaux Allen & Overy dans les différentes juridictions. Nous sommes quotidiennement en contact avec les autres bureaux et travaillons ensemble sur nos dossiers transfrontaliers. L’approche globale cross practice est complètement intégrée à notre quotidien.
Pensez-vous qu’il soit possible de renforcer l’image du Luxembourg comme une place de droit en Europe ?
M. Macchi : J’en suis convaincu. Le Luxembourg a une place centrale d’un point de vue géographique, certes, mais aussi à bien d’autres égards. On pense évidemment à la réglementation des fonds d’investissement, aux spécificités des garanties financières qui sont un modèle propre au Luxembourg et qui, ensemble avec d’autres outils du droit luxembourgeois, attestent de la place centrale qu’occupe déjà le Luxembourg dans le monde des affaires.
Au Luxembourg, il y a un avocat pour environ 250 habitants ; en France ou en Allemagne, il y a un avocat pour plus de 1000 ou 1500 habitants. Cette proportion montre l’importance de la matière juridique au sein du pays et qui rayonne à l’international. Je pense également que le Brexit renforcera encore davantage cette tendance.
C. Ravier : Je constate dans ma pratique que le Luxembourg est une place juridique de choix pour les investisseurs étrangers et notamment ceux qui viennent des États-Unis. Le Luxembourg est une porte d’entrée sur le marché européen pour nombre d’entre eux.
De plus, le pays est amené à se développer : il attire chaque année de nombreux professionnels du droit des affaires et des métiers de la finance qui viennent s’installer au Luxembourg. Cette tendance dure depuis des années et ne semble pas près de s’arrêter.
Pensez-vous que l’open data des décisions de justice soit nécessaire pour renforcer la place de droit qu’est le Luxembourg ?
M. Macchi : Oui, absolument, le Luxembourg était un peu en retard sur ce sujet. Beaucoup de progrès ont d’ores et déjà été effectués, mais je crois qu’il y en aura encore beaucoup à faire. Le fait d’avoir cet accès beaucoup plus large aux décisions de justice ne peut que renforcer évidemment la place du Luxembourg. Cet accès facilité à la jurisprudence n’est pas pour autant synonyme d’automatisation du droit et n’entache en rien notre faculté à innover et à nous montrer créatifs.
C. Ravier : L’évolution technologique liée à l’exploitation de l’open data est absolument capitale. C’est ce qui m’a plu chez Predictice : la décision de justice n’est pas seulement référencée manuellement ou automatiquement ; c’est le texte de la décision tout entier qui s’offre à la recherche par mots clé. C’est un game changer qui va nous permettre de faire des recherches plus ciblées et d’obtenir des résultats plus précis.
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Benedetta a suivi une formation juridique en Italie et est diplômée de HEC.