Catherine Martougin, partner chez Baker McKenzie, évoque la place des femmes dans les cabinets d'avocats.
Vous êtes associée dans le département Funds and Asset Management de Baker McKenzie Luxembourg. À quoi ressemble votre quotidien ?
J’ai l’impression d’avoir un métier où il n’y a pas de routine. Je suis dans un domaine du droit - les fonds d’investissement - qui est à la fois extrêmement réglementé et évolutif. Chaque évolution (crise économique, pandémie) implique d’ailleurs plus de réglementation ! C’est pour cela que je dois toujours connaître les réglementations qui sont adoptées ou qui vont être adoptées.
Pour répondre à votre question : mon quotidien, c’est d’apprendre et de prévoir quelles sont les problématiques à venir et comment les adresser. Comment j’apprends ? En utilisant toutes les ressources technologiques à ma disposition d’abord, et en étant très active dans les associations professionnelles. Par exemple, je suis au board de l’INREV qui met en place des best practices recommandées en matière de fonds d’investissements.
Selon vous, pourquoi la majorité des associés des campagnes sont des hommes ?
Historiquement, le monde de la finance et du droit étaient des domaines masculins. La tendance naturelle étant de recruter quelqu’un qui nous ressemble - et j’ai parfaitement conscience d’avoir ce biais également - il paraît logique qu’un monde patriarcal soit naturellement enclin à se reproduire.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, il y a plus de femmes que d’hommes qui font des études de droit : dans quelques années, il n’y aura pas d’autre choix que d’avoir des femmes à des postes de direction dans des secteurs juridiques !
Faut-il mettre en place des mesures de discrimination positive ?
Oui, je suis totalement d’accord avec cette mesure. Souvent, elle est présentée d’une manière négative notamment par les femmes qui ont peur d’être reconnues parce qu’elles sont femmes et non parce qu’elles ont du talent. Personnellement, je pense que toute personne qui réussit à faire carrière a du talent.
La discrimination positive, il faut la prendre comme une question d’ambition. Est-ce qu’on veut laisser la société faire son chemin à son rythme ? Cela sera forcément très long même si cela va porter ses fruits parce que - comme je viens de dire - il y a plus de femmes que d’hommes dans les facultés de droit aujourd’hui. Mais je pense qu’en étant proactif, on peut faire évoluer les choses de manière plus rapide. Je suis très contente d’être dans un cabinet qui a déjà adopté cette politique. En 2019, Baker McKenzie a fixé un objectif : qu’en 2025, tous les bureaux à travers le monde et à tous les niveaux de séniorité (donc sous- entendu, surtout au niveau des partners), il y aura une égalité homme-femme à hauteur de 40 %. Si je prends notre situation à Luxembourg, sur neuf associés, nous sommes déjà trois femmes alors que quand je suis arrivée, j’étais la seule. Nous avons déjà fait un petit bout de chemin !
Votre cabinet a-t-il mis en place une stratégie d’innovation ?
Je suis dans un cabinet global. Forcément, nos clients ont des enjeux globaux et ils souhaitent avoir des cabinets d’avocats qui soient leurs partenaires. Cela ne signifie pas uniquement les accompagner sur des problématiques complexes, mais aussi sur tout ce qui va autour. Prenons juste un exemple : au moment de la pandémie, nous avons créé un programme dédié pour nos clients afin de les aider à faire face à la situation extraordinaire dans laquelle nous nous sommes trouvés et leur proposer des solutions.
Retrouvez l'intégralité des témoignages en cliquant sur le lien suivant : Le droit, l'audace et l'innovation - Les avocats de Luxembourg témoignent.
Benedetta a suivi une formation juridique en Italie et est diplômée de HEC.