Les legaltech au service des professionnels du droit
En 2016, la loi pour une République numérique imposait avec grand fracas aux juridictions de l’ordre judiciaire et de l’ordre administratif “l’open data des décisions de justice”, ou, plus concrètement, l’obligation de rendre publiques toutes les décisions de justice dans un format accessible tant aux professionnels qu’aux justiciables.
Or pas moins de 4,3 millions de décisions de justice sont rendues annuellement. Pour permettre un premier tri dans cet important volume de décisions, le moteur de recherche Legifrance fut d’abord développé. S’il conserve aujourd’hui sa place de moteur de recherche de jurisprudence historique, il reste peu performant. En parallèle se sont donc développées les premières legaltech - dont Predictice - , souhaitant simplifier la recherche et l’analyse de l’information juridique pour les professionnels du droit.
Des outils plus fins, centrés sur l’utilisation des professionnels du droit ont été créés, passant de la simple automatisation de la recherche juridique à l’aide de mots-clés à l’utilisation de technologies de traitement automatique du langage naturel grâce au machine learning.
Ainsi, à la différence des outils traditionnels de recherche de jurisprudence, la technologie développée par Predictice vise à reconstruire les ponts sémantiques entre les mots contenus dans les décisions.
« Un des objectifs de Predictice est de permettre aux juristes de mieux comprendre les enjeux des dossiers auxquels ils sont confrontés, notamment pour favoriser la résolution amiable » - Louis Larret-Chahine, Predictice.
Dès sa naissance en 2016, Predictice a souhaité collaborer avec ses utilisateurs pour améliorer les performances de sa plateforme.
Le processus de co-innovation des outils de justice prédictive
Dans un contexte plus général de mutation du marché des services juridiques et de l’évolution particulière de la profession d’assureur ; Pacifica et la Matmut étaient parmi les premiers à adhérer à la démarche de co-innovation mise en place par Predictice.
Cette expérience a notamment mis en relief l’indispensable conduite du changement pour l’intégration réussie de nouvelles pratiques. L’implication des collaborateurs qui doivent faire évoluer des pratiques parfois ancrées depuis des années est dès lors primordiale. Aussi, depuis juillet 2019, accompagnement et formations personnalisées ont rythmé le processus de co-innovation, permettant l’identification rapide des points de blocage et des pistes d’améliorations de l’outil proposé.
Assureurs augmentés : des utilisations spécifiques de Predictice
Deux fonctionnalités de Predictice sont particulièrement appréciées par les assureurs : le filtre sur le dispositif et la possibilité d’éditer des rapports d’analyse sur un dossier. Le premier permet de trier les décisions en fonction de leur sens.
« C’est le filtre le plus utilisé du moteur de recherche car il permet un réel gain de temps » - Mahé Giraux, Predictice.
L’analyse chiffrée des décisions de justice — dont l’algorithme analyse près de 2 millions de décisions par seconde — synthétise quant à elle dans un tableau les taux d’acceptation, de rejet et le montant moyen des indemnités allouées par les juridictions.
« Les clients que nous avons sont très informés. Quand il nous appellent, ils ont déjà obtenu la réponse à leur question sur internet. Notre rôle aujourd’hui est de leur faire prendre du recul » - Jérôme Louis, Pacifica.
En effet, il leur évite de multiples recherches chronophages sur les outils de recherche classique en leur permettant en quelques clics d’obtenir une analyse plus objective des chances de succès, élément déterminant dans leurs stratégies contentieuses et pré-contentieuses.
« Le but c’était d’avoir un outil qui propose une statistique avec un objectif double : optimiser la gestion amiable des dossiers confiés à [la Matmut] et mieux informer l’assuré des chances de recours s’il allait au contentieux » - Régis Palfray, la Matmut.
En effet, le métier d’assureur évolue à grands pas : les expertises gagnent en rapidité et un mouvement de déjudiciarisation s’opère. Véritable outil de prévention, l’analyse des risques contentieux permet d’étayer les arguments pour favoriser les Modes Alternatifs de Règlements des Différends (MARD), réduire les coûts engagés et éviter 4 à 5 ans de procédure aux clients, permettant dans le même temps le désengorgement des juridictions.
Sur la photo : Conférence dans les locaux de l’ESA en présence de Jérôme Louis (Pacifica) et Régis Palfray (Matmut) ; Mahé Giraux et Louis Larret-Chahine pour Predictice
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