Quel système de rémunération pour les avocats ?
Créer un cabinet d’avocats demande beaucoup de réflexion tant sur son marché, que sur son positionnement, ses offres, ses facteurs différenciants, ses équipes, son financement et sur l’ensemble des éléments juridiques, administratifs et fiscaux. Toutefois, un élément est central, compte tenu du système partenarial des cabinets d’avocats : le système de rémunération avec les critères d’entrées/ sorties du capital des associés internes ou externes. Le modèle d’affaires des cabinets d’avocats et les conséquences de la gouvernance manager-propriétaire implique que l’intérêt individuel n’est pas toujours en phase avec “l’intérêt commun” pour reprendre les mots de Jean Tirole.
Autant de questions auxquelles les associés fondateurs du cabinet doivent répondre dès les premières heures de réflexion sur la création du cabinet.
Comment créer et partager de la valeur entre associés ?
Plusieurs modèles existent, entre le lock step qui assure un partage égalitaire entre les associés d’une même catégorie et le eat what you kill qui, comme son nom l’indique, rémunère celui qui apporte et traite ses clients. Entre ces deux extrêmes, des milliers d’autres modèles peuvent être imaginés car aucun n’est parfait. Il s’agira donc pour les associés de trouver le système le plus adapté au modèle économique du cabinet, à son positionnement de marché et à la culture souhaitée, “dis-moi comment tu es rémunéré, je te dirai comment tu te comportes !”. Toutefois, chaque système de rémunération des associés est fondé sur deux piliers.
1. La rémunération annuelle des associés
- rémunération fixe des associés ;
- rémunération variable ;
- dividendes.
2. L’évolution de la participation de chaque associé dans le capital du cabinet ou dans le système à points
L’évolution dans le capital du cabinet peut être indexée sur des éléments financiers (chiffre d’affaires, rentabilité, apport de nouveaux clients, cross-selling …) mais aussi sur des critères plus qualitatifs (participation à la vie du cabinet, respect des valeurs…) apportés par chaque associé.
Certains cabinets utilisent des systèmes de points totalement décorrélés du nombre de parts dans le capital et ne versent ainsi pas de «dividendes» per se, mais des bonus basés sur le prix du point, dont le montant varie en fonction de la rentabilité du cabinet, multiplié par le nombre de points possédés par tel ou tel associé. Ce système permet, sans réaliser d’opérations sur le capital, d’attribuer ou de retirer des points en fonction de la performance des associés.
Quoi qu’il en soit, le système de rémunération devra prendre en compte la rentabilité du cabinet et se décliner également dans le système de rémunération des collaborateurs. La plupart du temps, les cabinets déterminent une stratégie dite de «Cost Plus» et utilisent un coefficient multiplicateur compris entre 3 et 4 des coûts complets des équipes afin de calculer un taux horaire souhaité et un nombre d’heures facturées cibles pour l’ensemble des avocats, compris entre 1300 heures et 2200 heures, une fois encore en fonction de la rentabilité souhaitée par les associés et du positionnement du cabinet.