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Être knowledge manager à l'heure de l'open data

Rédigé par Mahé Giraux | 5 août 2020 06:00:00
Jérôme Beining, Knowledge manager du cabinet BSP, livre ses conseils pour optimiser la recherche juridique au sein d'un cabinet d'affaires au rayonnement international.

Pourriez-vous nous présenter votre parcours ? 

J’ai un parcours plutôt atypique. Titulaire d’un master en histoire moderne de l’Université de Metz et d’une expérience dans l’investissement, j’ai rejoint Bonn Steichen & Partners (« BSP ») en 2007 en tant que bibliothécaire-documentaliste. 

 

À quoi ressemble la journée d’un knowledge manager au sein d’une étude comme BSP ?

Les tâches sont multiples et variées. Au quotidien, je fais une revue de presse sur l’économie luxembourgeoise, européenne et mondiale. En m’aidant des veilles juridiques, je sélectionne minutieusement tous les articles, les jurisprudences, la législation et les ouvrages qui sont encodés dans notre base de données nommée « Minerva ». De cette façon, nous facilitons l’accès à la documentation aux avocats de l’étude. J’ai également un rôle de formateur aux différentes bases de données lors de l’arrivée de nouveaux collaborateurs.

 

Un autre aspect de mon quotidien consiste en la recherche de documentation juridique très vaste et variée allant de la finance au droit des sociétés, en passant par le droit du travail, le contentieux commercial ou les fonds d’investissement. 

 

Quels problèmes rencontrez-vous le plus souvent dans la recherche de l’information juridique ?

Au Luxembourg, la législation s’est inspirée de ses pays voisins. Ainsi, le Code civil luxembourgeois est quasi similaire au Code civil français. La loi sur les sociétés commerciales luxembourgeoises a été empruntée au droit belge. Pour le Code fiscal luxembourgeois, ce sont les lois fiscales allemandes qui sont la source.

 

Tout cela implique une multiplicité et un éparpillement des sources juridiques. Le documentaliste doit jongler entre des bases de données françaises, belges, allemandes et parfois anglo-saxonnes. Les grandes études, comme BSP, ont dû investir ces dernières années dans des abonnements à des bases de données locales et internationales.

 

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Le numérique est-il aujourd’hui indispensable pour un knowledge manager ?

Ces dernières années, le numérique a pris une place prépondérante dans les départements de Knowledge Management. Sans le numérique et sans les bases de données de plus en plus complètes, les recherches seraient plus compliquées et bien entendues plus longues. Le numérique permet un gain de temps aux avocats et par là même une réponse plus rapide aux clients. Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, ce gain de temps et la précision du résultat de la recherche devraient être encore plus importants, ce qui est très positif pour les années à venir.

 

Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, ce gain de temps et la précision du résultat de la recherche devraient être encore plus importants, ce qui est très positif pour les années à venir.

 

 

En parallèle, BSP a créé sa propre base de données nommée « Minerva » (basée sur le logiciel Alexandrie de chez GB Concept). Toutefois, il faut aussi dire que le papier garde son importance.

 

L’open data des décisions de justice est en cours au Luxembourg. Voyez-vous cela d’un œil positif ? 

Pour les documentalistes luxembourgeois, l’open data est extrêmement positif. Cela faisait des années que l’open data des décisions de justice était attendu au Luxembourg. En effet, en novembre 2019, le Ministère de la Justice luxembourgeois a mis en ligne quelques 43 000 décisions ou extraits. C’est quasi une révolution dans le monde juridique luxembourgeois. Bien sûr, j’espère que ce mouvement d’ouverture s’amplifiera dans les années à venir, avec la mise en ligne de toutes les décisions rendues.